mercredi 26 août 2009

"Nos artistes" à la rescousse de "nos soldats"...


Des "artistes" has-been cherchant à obtenir un peu de soutient... Voilà comment on pourrait qualifier la troupe ayant comme mission d'aller divertir les soldats et les soldates du Canada à Kandahar, en Afghanistan. À l'initiative du chanteur Richard Petit, la troupe est aussi composée d'Annie Dufresne, Wilfred LeBouthillier, Émily Bégin et Mike Ward.

Heureusement, ils et elles assurent que leur voyage "n'a rien de politique, c'est humanitaire" et que "les soldats ont choisi l'armée, pas la guerre", et puis de toute façon "cette guerre, c'est la guerre pour la paix" tout le monde le sait...

Durant leur voyage de 20 jours en Afghanistan, ils et elles pourront "remonter le moral de nos troupes" avec un gros spectacle de variétés de deux heures et demie dans lequel, notamment, Wilfred LeBouthiller interprétera Michael Jackson! Intéressant! D'ailleurs, sur la base, les artistes sont tenu-e-s de respecter un code vestimentaire et de porter des t-shirts jusqu'au cou. Heureusement, Annie Dufresne nous assure que sur scène les filles porteront des tenues plus sexy! En effet, "sur la base, on fait preuve de retenue, mais sur scène, c’est différent. On leur offre du rêve" nous confie la chanteuse... pas fort. Un coup parti, j'espère que les hommes se promeneront en string avec une plume dans le derrière afin "d'offrir du rêve" aux soldates...

Malheureusement pour ces "artistes", ce voyage a tout d'un voyage politique. Se rendre jusqu'en Afghanistan pour remonter le moral des soldats qui occupent un pays pour le bien des forces du marché, ça a tout d'un choix politique. Affirmer que c'est une guerre pour la paix, ça a tout d'une affirmation politique. Aller soutenir des soldats dans leur travail de militarisation, peu importe où, ça a tout d'un choix politique. Finalement, accepté de se pavaner en tenue légère afin d'assouvir leurs fantasmes d'hommes et de leur "offrir du rêve", ça a tout d'un choix politique pour la femme qui le prend.

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mercredi 5 août 2009

Rapport d’activité : Conférence du PASC à Drummondville

Le mercredi 15 juillet dernier, nous avons eu la chance d’accueillir à Drummondville deux membres du PASC (Projet Accompagnement Solidarité Colombie)[1] dans le cadre d’une conférence ayant pour thèmes les liens entre les intérêts économiques et la répression sociale et politique en Colombie, les luttes des populations locales, ainsi que la complicité du Canada. Près d’une vingtaine de personnes ont assisté à cette conférence qui avait été organisée parallèlement à un évènement bien connu à Drummondville, le festival Mondial des Cultures. Bien que ce festival ait un but noble, soit de faire connaître à la population les coutumes et traditions des quatre coins du monde, nous déplorons qu’il n’y ait pas de volet politique. Car s’il est vrai qu’il est bien de faire la fête ensemble et de connaître les coutumes de l’autre, on peut aussi connaître sa situation politique, ses conditions de vie, lutter ensemble et être solidaire. De plus, puisque Drummondville comporte une bonne communauté colombienne, le sujet était d’autant plus pertinent.

Voici un compte-rendu de la conférence :

En première partie de la conférence, les membres du PASC nous ont fait un résumé de la situation en Colombie, soit un conflit qui existe dans sa forme actuelle depuis plus de 40 ans. Elles ont défait la croyance générale que dans ce conflit, trois forces distinctes s’opposaient (l’État, les mouvements d’insurrections armées (à tendance marxiste) et les paramilitaires[2]). Effectivement l’implantation du phénomène paramilitaire est attribuable à l’État peu de temps après le début de la guérilla afin de contrer cette dernière. Bref, les groupes paramilitaires se trouvent à être le bras illégal de l’État, ceux qui font la job sale. Il faut aussi noter que plusieurs de ces groupes sont financés par des narcotrafiquants, narcotrafiquantes, des grands propriétaires terriens, des grandes propriétaires terriennes ou des multinationales.

L’État et les paramilitaires exercent un régime de terreur dans le pays ; 3500 massacres de syndicalistes, militants et militantes pour les droits humains, 5000 dirigeants et dirigeantes politique de gauche assassiné-e-s, 15 000 disparitions forcées et 4 millions de civil-e-s déplacé-e-s depuis 25 ans. Contrairement à la croyance populaire, la guérilla est responsable environ de 20 % des violations de droits humains contre au moins 70 % pour les paramilitaires. La situation n’est pas prête de s’améliorer avec l’arrivée du nouveau président, Alvaro Uribe Velez, reconnu pour sa proximité avec les groupes paramilitaires. Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, la répression s’est intensifiée et les droits humains sont de moins en moins respectés. Après avoir complété la «démobilisation des paramilitaires» et leur avoir donné une impunité totale, Uribe a mis en place un nouveau plan d’action pour son gouvernement ; «État communautaire et sécurité démocratique». Sous la logique de «qui n’est pas avec nous est contre nous», le président a mis en place un système d’informateur, d’informatrice et de «soldats-paysans / soldates-paysannes». En plus de percevoir les civil-e-s comme des instruments de guerre, ces politiques contribuent à effriter le tissus social et à créer un climat de méfiance et de peur entre les individu-e-s.

En deuxième partie, les conférencières se sont plutôt attardé sur les liens entre cette répression et les intérêts économiques de l’État et de ceux et celles qui la dirige ou l’influence; les riches. Évidemment, comme dans la majorité des conflits, se cache de puissants intérêts économiques. En Colombie, soit on est chassé-e parce qu’on est une menace politique pour l’État, soit parce qu’on a les pieds sur une terre fertile ou des ressources naturelles. Les paramilitaires ont fait le travail sale en chassant les paysans et paysannes de leur terres collectives, puis on y a implanté des projets de cultures agro-industrielles gagnantes pour l’exportation comme l’huile de palme africaine. L’ironie du sort, une fois les «discussions» faites entre les paramilitaires et l’État colombien et la «démobilisation» terminée, le gouvernement donne aux anciens paramilitaires ces terres maintenant vacantes pour qu’ils et elles puissent se réintégrer à la société. Les conférencières ont aussi glissé un petit mot sur la complicité du gouvernement du Canada qui n’a aucun scrupule à proposer un plan de libre échange avec la Colombie malgré la situation politique.

Finalement, elles ont abordé les résistances des peuples déplacés qui essaient de revenir sur leur terre. Certaines populations chassées de leur village tentent d’instaurer des zones humanitaires où ils peuvent bâtir quelques choses de façon autonome et cesser d’être instrumentalisé-e-s par le conflit. Tout-e acteur et actrice armé-e-s, qu’il ou elle soit dans la guérilla, l’armée ou paramilitaire n’est pas bienvenu-e.

[1] Le PASC est un collectif montréalais qui travaille à créer un réseau de solidarité directe avec des organisations et communautés colombiennes en résistance pour la défense de leur territoire et le respect des droits humains. Ses principales actions tournent autour de la sensibilisation et de l’information alternative par le billet de leur site web, revues, réseau ou de conférences, par l’envoi d’accompagnateurs et accompagnatrices sur les lieux de luttes ainsi que la dénonciation par le billet de son réseau «d’action urgentes». Pour plus d’informations : http://www.pasc.ca/

[2] Des groupes de civils qui sans être dans l’armée, en ont toutes les caractéristiques