Quelle ne fut pas ma surprise en lisant L'Express du 11 janvier 2009 de voir la une de ce journal empreinte d'un sensationnalisme crasse et donnant la parole à deux immigrants s'attaquant à la communauté colombienne drummondvilloise en les accusant de fraude et de travail au noir.
La première chose que l'on voit en lisant cet article, c'est qu'un de ces deux immigrants est le propriétaire du restaurant Guerras du centre-ville de Drummondville, Lyes Guerras. Or, Monsieur Guerras, qui est lui-même immigrant se sert de son statut afin de ne pas passer pour un raciste et ainsi pouvoir "dénoncer les profiteurs (sic) du système".
Ses dénonciations font preuve d'une généralisation à peine voilée de la communauté colombienne. Monsieur Guerras attaque toute la communauté colombienne de Drummondville en disant ce genre de phrases : "C'est le même problème qu'en Colombie. Ils (sic) sont prêts à tout pour ne pas payer de l'impôt." et "C'est choquant! On reçoit ces gens-là et ils (sic) nous volent. Il faut que le système se réveille..."
Il serait peut-être temps de montrer à Monsieur Guerras que le travail au noir n'a ni couleur, ni sexe, ni orientation sexuelle, ni pays d'origine. En effet, combien de québécois et de québécoises d'origine déclare absolument tous leurs revenus? Aucun et aucune et c'est très compréhensible. Qui a réellement envie de voir son argent gérer par Jean Charest ou Stephen Harper et distribué au patronat sous forme de crédits d'impôts qui vont justement servir à des gens comme M. Guerras pour s'acheter une voiture de l'année au nom de sa compagnie ou un voyage dans le sud? Poser la question, c'est y répondre.
Il serait pertinent que M. Guerras se mette un peu à la place de ces réfugié-e-s. Fraîchement arrivé-e-s d'un pays où la langue n'est pas la même (contrairement à l'Algérie, pays d'origine de Lyes Guerras), ceux-ci et celles-ci tentent de s'intégrer tant bien que mal à la société qui leur fournit un maigre revenu (sous le seuil de pauvreté). Afin de pouvoir manger à leur faim ils et elles doivent se trouver un revenu d'appoint, des emplois dont les québécois et les québécoises d'origine ne veulent pas (travail agricole difficile, ménage dans les entreprises etc.) payer en moyenne 5$ de l'heure selon les dires mêmes de l'article. Or, M. Guerras, si ces réfugié-e-s sont si bien, donnez leur votre restaurant et prenez leur place...
Le travail au noir ne profite qu'aux employeurs qui l'utilisent. En effet, qui a envie de travailler à 5$ de l'heure sans sécurité d'emploi, dans la précarité la plus totale, sans aucun avantage social? Personne, sauf peut-être des gens dans la merde financièrement (état dans lequel beaucoup de réfugié-e-s sont). Si vous voulez "dénoncer les profiteurs (sic) du système" M. Guerras, dénoncez donc vos amis du patronat qui profite de l'exploitation de ces travailleurs et de ces travailleuses. Profitez-en donc pour vous dénoncer en même temps, puisque même si vos employé-e-s ne travaillent pas au noir, votre argent, c'est sur leur dos que vous la faîtes en ramassant le profit de leur travail, mais aussi en obtenant de nombreux crédits d'impôts pour entreprises gracieuseté de l'État qui tire ses profits des citoyens et des citoyennes.
Finalement, nous nous devons de dénoncer le sensationnalisme dont a fait preuve le journal L'Express en publiant cet article, donnant de la publicité à cet homme, le mettant à la une, en ayant un ton conciliant aux positions de M. Guerras et finalement en allant jusqu'à mettre un numéro de téléphone afin de pouvoir dénoncer des gens qui travaillent au noir...
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